Il aura fallu attendre pas moins de deux ans après son annonce dans Ouai Mec Remix en compagnie de Sneazzy et Nekfeu, pour entendre le premier album d’Alpha Wann : UMLA, Une Main Lave l’Autre. Entre tweets ironiques et extraits musicales lachés dans ses storys Instagram, le rappeur aura fait impatienter son public avant la sortie de cet album.  

Connaître Alpha Wann

            Technicité, vivacité et finesse lyricale, voilà comment on pourrait définir simplement le style du rappeur du 14ème. Alpha Wann, bien que son nom de scène ressemble à un pseudonyme, est bel et bien son véritable nom civil. Il est membre du collectif L’Entourage mais d’1995. C’est d’abord à travers eux que le Don a fait parler de lui. Voici quelques titres phares où il crache du feu, à écouter d’urgence si vous ne les connaissez pas : Soixante-QuinzeJeunes EntrepreneursLa Suite ou encore La Flemme

            De son côté solo, Alpha Wann est l’auteur de la fameuse trilogie des Alph Lauren. Une trilogie qui rencontra à chaque fois ses succès avec certains morceaux comme FlingtroBarceloneLunettes NoiresA deux pas ou encore Louvreet Turban du dernier opus. 

Il a par ailleurs toujours été un excellent guest dans ses featurings. D’abord dans un projet commun avec Nekfeu, En Sous-Marin en 2011, où l’on retrouve le classique Monsieur Sable. Mais on a aussi retrouvé Philly Flingue sur Point d’interrogation et Vinyle avec Nekfeu; par ailleurs sur Parle pas Trop de Sneazzy en compagnie de Caballero et Doums et tout fraichement sur Vivre Bien d’Infinit’. 

Analyse UMLA

En plus d’avoir un intitulé qui dégage énormément de charisme, la cover de cet album en a tout autant, à la fois pour sa qualité, le style, et pour ses couleurs. Un grand respect à Raegular.

Au-delà de l’esthétique externe du projet, on a aussi un véritable travail fait dans l’enchainement des morceaux car il y a très peu de ruptures musicales, comme si l’album était en réalité qu’un seul morceau composé de différentes prods. 

Tout au long de cet album, on a un réel fil conducteur sur l’expression « Une Main lave l’autre » dite par le discours d’un homme dont on ne sait qui c’est, et qu’on retrouve en plusieurs parties dans certains morceaux ; qui signifie l’entraide, une volonté « de s’aider mutuellement pour que tout tourne » tel est l’explication du rappeur au micro de Yard.

Nous avons écouté une multitude d’albums de différents styles mais rares sont ceux qui dès le premier morceau nous ont mis une claque, et Le Piège, morceau qui ouvre Une Main Lave l’Autre, nous a giflé. Ce flow, cette manière de poser sur l’excellente prod de Hologram Lo’ et VM The Don ainsi que le texte offert par Alpha Wann nous a véritablement stupéfait. En plus de nous avoir impressionné dans le freestyle Pistolet Rose sorti quelques heures avant l’album, c’est tout au long du projet qu’Alpha Wann nous a régalé. Entre la rapidité et la puissance de Starsky & Hutch, le monstrueux Stupéfiant & Noir et la technicité de Flamme Olympique, le début d’album était vraiment très séduisant, autant que le morceau Contrex qui vient plus tard dans le projet. 

Au-delà des morceaux où le rappeur parisien démontre sa qualité de kickeur, on a des morceaux beaucoup plus calmes et plus doux. Effectivement après huit morceaux brulants, la douceur de Pour celles vient agrémenter le charme du morceau. Sur des couplets très rythmés et un refrain répétitif : « Ça, c’est pour celles que j’kiffais mais qui m’kiffaient pas. » ; le rappeur parisien vient se confier sur ses relations avec le sexe opposé, avec assez souvent quelques marques d’ironie. Ensuite, il faudra attendre la quinzième track pour trouver un peu de fraicheur dans ce feu musical, Fugees, en référence au groupe américain des années 80/90. 

Que serait un album sans quelques collaborations ? Bien qu’il ait annoncé avoir retiré le couplet de Nekfeu sur Langage Crypté et un morceau avec Atebaya, le casting choisi reste d’une grande qualité. Dans un premier temps, on retrouve son compère de Don Dada Records, Infinit’, sur Le Tour. Alors qu’on s’attendait à une collaboration classique, on retrouve Alpha Wann sur les refrains et Infinit’ sur les couplets, un choix de rôle assez inhabituel, il y a une vraie volonté de mettre en avant Infinit’ et c’est une réussite car le morceau est excellent. Cette volonté de mettre en valeur un artiste est aussi présente dans 1500 qui est découpé en deux parties. En effet, la première partie, dont la prod est allé raisonner dans nos cœurs musicaux, est assurée par Alpha (on aurait très bien vu un guest comme S.Pri Noir déposé quelques mesures sur cette dernière, ndlr). Puis, sur une autre prod, on retrouve OG L’Enf cracher son feu. Pendant que Diabi pose sa voix sur les pré-refrains et refrains de Fugees, Sneazzy et Doums lâchent leurs couplets sur Parachute Chanel et La Lumière dans le Noir, dont ce dernier a été un coup de foudre musicale pour 16 Mesures.   

Le morceau Stupéfiant & Noir, sorti cet été, nous avait clairement fait impatienter tout comme le second single Ça va ensemble. Découpé en trois, la première dont l’écriture reste tout à fait originale en associant des éléments qui vont ensemble, a été clippé laissant les deux autres parties comme des morceaux cachés de l’album. Ces deux singles étaient bien loin de ce que nous allions nous attendre dans UMLA. D’abord que dire de Cascade Remix ? C’est surement un des morceaux les plus réussis de ce projet, le flow, les lyrics, la prod, les étoiles se sont alignées pour former cette comète musicale et une seconde pour Langage Crypté où Alpha démarre dès la première seconde du morceau. Mais parmi, les nombreuses claques reçues, c’est celle réalisée par Olive & Tom qui nous a le plus marquée. Elle démarre par une légère intro où il parle à un gamin de son quartier (c’est la voix du rappeur trafiquée, ndlr), et ce dernier va rapper le premier couplet du morceau, créant un featuring avec lui-même. 

L’album se termine par le titre éponyme de cet album et MacroUne Main Lave l’Autre est un morceau très calme et où la force d’écriture vient surpasser le morceau. Dans ce morceau, Philly Phaal retrace sa vie et la remet en question à travers ses actes et surtout ses sentiments, c’est un morceau vraiment très personnel qui explique mieux le fil conducteur de l’album, son lien avec lui-même et avec la société. 

Enfin, Macro vient achever le premier album d’Alpha Wann. Un morceau blindé de références avec entre autre Salif, Jean Jacques Dessalines ou encore Maître Gims, un morceau avec des phases très égotrip, dans un style très propre au rappeur qu’on avait pu retrouver dans la trilogie Alph Lauren.

Pour conclure, il est encore tôt pour classifier cet album de classique surtout que c’est un point de vue subjectif, mais en tout cas on a reçu une réelle claque et l’attente de cet album est tout à fait justifiée. Pour réellement comprendre cet album, il faut l’écouter plusieurs fois car la technique lyricale d’Alpha, dont il est le maître dans le jeu et le sens des mots, peut être un vrai casse-tête dans son explication. Bien que cela ne soit que notre avis, et que chaque avis est juste, pour nous, il s’agit d’un des meilleurs albums de l’année ou du moins, le plus vrai et le plus frai de l’année.